III-Les différences de tolérance face à l'alcool en fonction de la corpulence, de l'âge et du sexe

A-En fonction de la corpulence

Il est généralement admis par la majorité que la corpulence joue un rôle important dans la tolérance face à l’alcool, néanmoins il semble important d’expliquer ce phénomène :
Tout d’abord, qu’est ce que la corpulence ?
Lorsqu’on parle de corpulence, on parle de taille et de poids ou pour vulgariser de volume corporel. On l’assimile généralement à l’indice de masse corporelle (IMC) qui se calcule de cette façon : (Poids (en kg))/(Taille² (en m)).



Plus cette valeur est élevée chez un individu, plus on dira qu’il est gros voir obèse, au contraire, si cette valeur est trop faible, cet individu sera considéré comme maigre voir même anorexique.
L’alcool se répartit partout dans l’organisme, mais de façon plutôt inégale : on sait notamment qu’il se dissout plus facilement dans l’eau du corps que dans la graisse des tissus adipeux. Les différences de tolérance entre les individus découlent donc en grande partie du volume d’eau corporel.
On peut aussi ajouter que pour des poids égaux, le corps d’une personne qui a moins de tissus adipeux contient davantage d’eau que celui d’une personne qui en a plus. Le taux d’alcool dans le sang de la personne ayant moins de tissus adipeux sera donc plus faible que celui de l’individu en ayant le plus.
Malheureusement, l’IMC ne nous renseigne pas directement sur le volume d’eau contenue dans notre corps, en effet le corps d’une personne de 1,55 mètre pour 50 kilogrammes renferme évidemment une moins grande quantité d’eau que celui d’une personne de 1,95 mètre pour 80 kilogrammes. Et pourtant, si on s’en tient à l’IMC de ces deux personnes, on s’aperçoit qu’ils sont égaux.

Alors, qu’est ce que l’IMC nous apprend, quant à la tolérance face à l’alcool ?

L’IMC s’avère alors utile quand on sait que l’eau représente environ 60% du poids d’une personne ayant un IMC moyen (compris entre 18,5 et 25 kg/m²), environ 70% de celui d’une personne ayant un IMC faible (compris entre 17 et 18,5 kg/m²), et environ 50% de celui d’une personne ayant un IMC élevé (compris entre 25 et 30 kg/m²).
Les valeurs très extrêmes ne concernant que très peu de personne, les pourcentages n’ont pas été calculés.
Pour illustrer ces propos nous avons, pour l’exemple, calculé les quantités d’eau chez chacun des membres de notre groupe de TPE :

-Pour Mathias : IMC= 55/((1,73)²) = 18,4 (correspondant donc à une petite maigreur)

Poids de l’eau contenue dans le corps : 55*70% = 38,5 kg

-Pour Nathan : IMC= 63/((1,80)²) = 19,4 (correspondant donc à un IMC normal)

Poids de l’eau contenue dans le corps : 63*60% = 37,8 kg

-Pour Léo : IMC= 82/((1,75)²) = 26,8 (correspondant donc à un surpoids)

Poids de l’eau contenue dans le corps : 82*50% = 41 kg

-Pour Quentin : IMC= 58/((1,68)²) = 20,5 (correspondant donc à un IMC normal)

Poids de l’eau contenue dans le corps : 58*60% = 34,8 kg

Les résultats nous indiquent donc que l’alcool se diffusera dans plus de liquide corporel chez Léo, puis Mathias, Nathan et enfin Quentin. Cela nous indique que selon les corpulences, la tolérance est la plus faible chez Quentin (l’alcoolémie sera plus élevée) et la plus forte chez Léo (l’alcoolémie sera plus faible) pour une même quantité d’alcool ingérée.




B- En fonction du sexe

En règle générale, les femmes tolèrent moins bien l’alcool que les hommes. Autrement dit, à quantité égale consommée, l’alcool est plus nocif pour les femmes que pour les hommes. Cette différence s’explique de plusieurs manières:

-Le corps d’une femme comporte en moyenne davantage de tissus adipeux et moins d’eau que celui d’un homme, à corpulences égales. L’alcool étant plus facilement soluble dans l’eau que dans la graisse (comme expliqué en A), il se diffuse avant tout dans le liquide corporel.
Par exemple, si un homme et une femme, de poids égaux, ingère la même quantité d’alcool, celui-ci se diluera dans un plus grand volume d’eau chez un homme : environ 65 % du poids corporel contre environ 60 % du poids chez une femme, ce qui conduit à un taux d’alcool dans le sang supérieur chez la femme.

-On peut également dire, que dans le cas général, les hommes ont une plus grosse corpulence que les femmes, ceci pouvant aussi expliquer cette différence.
Cela peut sembler évident mais il faut rappeler que la différence est grande entre les genres : 77 kilogrammes pour 1,75 mètres chez un homme contre 63 kilogrammes et 1,63 mètres chez une femme en moyenne. Le volume d’eau contenu dans chacun des corps est logiquement bien supérieur chez l’homme.

-Par ailleurs, les femmes disposent d’une plus petite quantité d’enzymes ADH et ALDH contribuant à l’élimination de l’alcool et ces dernières seraient même d’après de récentes études, moins actives que chez l’homme. L'alcool est éliminé plus lentement : l’alcoolémie met plus de temps à chuter.

-En dernier lieu, les modifications hormonales durant que l’on peut observer lors du cycle menstruel et de la ménopause mais également la prise de médicaments liée à ces modifications (contraceptifs oraux, traitements hormonaux substitutifs (THS) ) sont susceptibles de modifier le métabolisme de l'éthanol.

Ce sont donc ces différences qui font que les femmes sont généralement plus touchées par les dangers liés à l'alcool que les hommes. Les effets seront alors plus rapides et dans une certaine mesure, plus grave. On le constate d’ailleurs quand on sait la cirrhose du foie est fatale chez plus de femmes que d’hommes souffrant d’alcoolisme et que l’alcool semble augmenter les risques de cancer du sein, lors d’une consommation non-excessive mais régulière.

C- En fonction de l'âge

L’âge est également un facteur important dans la tolérance face à l’alcool, on pense d’abord aux plus jeunes, et à juste titre car les risques liés à une consommation excessive et/ou régulière ont chez eux des conséquences parfois graves ; mais on en oublie souvent les personnes plus âgées, jugées plus fortes et résistantes, chez lesquelles l’alcool est aussi malheureusement un fléau.

1/Les adolescents et jeunes adultes.

Les jeunes tolèrent moins bien l’alcool que les adultes et sont bien plus exposés aux dangers d’une consommation trop importante ou trop régulière et ce pour différentes raisons :

-En règle générale, les adolescents ont une corpulence plus faible que des adultes, ainsi, l’alcool se dilue dans un volume d’eau plus faible et le taux d’alcool dans le sang se trouve ainsi augmenté. A noter également qu’entre adolescents et adolescentes, les différences sont les même qu’entre hommes et femmes.

-De plus, les enzymes ADH et ALDH sont présentes en moindres quantités chez les jeunes que chez les adultes en général.

-On constate également que l’âge du début de consommation chez un jeune est un facteur très important de dépendance à l’alcool ou alcoolodépendance. En effet, plus l’âge de début de consommation est bas, plus les risques de développer une dépendance à l’alcool sont élevés.

-Enfin, les scientifiques ont établis que la formation du cerveau ne s’achevait que vers 25 ans en moyenne. Ainsi, une consommation excessive chez un jeune peut avoir des conséquences cérébrales terribles : réduction de la taille de l’hippocampe (siège de l’apprentissage et la mémoire) ainsi que des lésions parfois irréversibles dans une partie du lobe frontal (siège du jugement et de la prise de décisions). Le document ci-dessous nous montre, les cerveaux de deux jeunes de 15 ans à qui on a demandé de faire le même exercice de mémoire. Le cerveau de l’adolescent qui ne boit pas est à gauche, et le cerveau de celui qui a un problème d’alcool est à droite.




2/Les personnes âgées.

Contrairement aux apparences, les personnes âgées tolèrent beaucoup moins bien l’alcool que les adultes. Les problèmes d’une trop grande consommation d’alcool sur leur organisme sont divers et variés, les différences de tolérance par rapport à un adulte en bonne santé sont donc nombreuses :

-Le volume d’eau dans le corps et l’activité enzymatique du foie diminuant avec l’âge, la concentration de l’alcool dans l’organisme d’une personne âgée est donc plus grande. L’alcoolémie augmente plus vite, pour revenir à un niveau normal plus lentement.

-La vigilance est également grandement altérée par l’alcool, et l’équilibre est réduit. Exposant ainsi plus que les autres, les personnes âgées aux accidents domestiques (chutes le plus fréquemment) et aux accidents de la route.

-Le système immunitaire est lui aussi très altéré, ce qui implique un manque de réaction contre les infections et les cancers de la part de l’organisme. C’est un risque considérable quand on sait que l’alcool peut être responsable de nombreux cancers (de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’œsophage et du foie notamment).

-On note aussi une augmentation du risque d’hypertension, de troubles de la fréquence cardiaque, d'infarctus du myocarde, d’ accidents vasculaires cérébraux (AVC) et aussi de cirrhose (Une cirrhose est fatale dans 45 % des cas chez une personne âgées contre 22 % pour l'ensemble de la population) lié à la consommation d’alcool.

D- Calcul du taux d'alcool dans le sang

L’alcoolémie est le taux d’alcool dans le sang, et se calcule généralement en grammes par litre de sang, voir en milligrammes par litre d'air expiré (mais aussi plus rarement en milligramme par 100 millilitres ou en millimoles par litre de sang). Ce taux dépend alors de nombreux facteurs :
-le volume de boisson ingéré;
-le degré d'alcool de la boisson ingérée ;
-Le coefficient de diffusion (de 0,6 chez les femmes et 0,7 chez les hommes, différents du fait de la masse musculaire) ;
-la masse de l'individu en kg ;
-la vitesse d’absorption et la durée de consommation ;
-la présence d'aliments dans l'estomac (effet retardateur) ;
On calcule alors l’alcoolémie de façon approximative, d’un individu à jeun, une heure après consommation grâce à la formule de Widmark :

Alcoolémie (g/L)= (Masse d'alcool ingéré (g))/(Masse corporelle (kg)x coeficient de diffusion)

Pour estimer la quantité d'alcool pur consommé par une personne, l’« unité alcool » ou « verre standard » a été définie et reprise par l'OMS pour déterminer les seuils d'une consommation non dommageable pour la santé humaine.

Une unité alcool représente 10 grammes d'alcool pur, ce qui correspond à peu près aux quantités normales servies dans les bars (d'où l'expression « verre standard »), soit un demi de bière (25cl) à 5°, un ballon de vin ou une coupe de champagne (10cl) à 12°, ou encore un verre de whisky (3 cl) à 40°. On peut donc dire :

Alcoolémie (g/L)= (10 x Nombre d'Ua ingérées)/(Masse corporelle (kg)x coeficient de diffusion)

Néanmoins, cette formule ne prend pas en compte l’élimination de l’alcool par l’organisme. En effet dès que l'on commence à absorber de l'alcool, l'organisme commence à l'éliminer. Cette élimination est plutôt lente, par conséquent lorsqu’un individu consomme une boisson alcoolisée, il y a plus d’alcool apporté à l’organisme que d’alcool éliminé par l’organisme, ainsi l’alcoolémie augmente. Lorsqu’il n’y a plus consommation, l’alcool est éliminé (principalement par le foie) et l’alcoolémie descend, de façon constante, de 0,15g /L/heure (en moyenne), une heure après ingestion. La formule prenant en compte cette élimination est alors :

Alcoolémie (g/L)= (10* Nombre d'Ua ingérées)/(Masse corporelle (kg)* coeficient de diffusion) - 0,15*temps écoulé après le premier verre (h)

Nous avons créé un algorithme facilitant ce calcul, présent sur la clé USB fournie.

E- Différences individuelles

Différences sur les ethnies différentes

Certains gènes codant pour les ADH et les ALDH diffèrent selon les populations.
L’exemple asiatique est le plus frappant : environ 50% des Asiatiques présentent un variant génique qui leur confère une ALDH inactive, incapable de métaboliser l'acétaldéhyde en acétate. Les conséquences sont alors mesurables, les porteurs de ce variant, éliminant très mal l’alcool, ne peuvent que très peu le tolérer. Malgré tout, cela ne dissuade pas toute les personnes concernées de boire et pour celles qui continuent de boire en dépit de cette particularité génétique le risque de développer un cancer devient alors très inquietant.

Effets de l’alcool sur le diabète

La consommation d’alcool chez un diabétique, quelque soit le type de son diabète est fortement déconseillée. En effet, ces-derniers tolèrent beaucoup moins les effets de l’alcool que la moyenne. Cette intolérance est la cause de plusieurs effets:
-Une consommation modérée d’alcool (1 à 2 verres chez la femme contre 2 à 3 chez l’homme) peut rapidement augmenter la glycémie, conduisant donc à l’hyperglycémie.
-Au contraire un excès d’alcool peut diminuer le taux de glucose. La chute peut être brutale, conduisant parfois à une grave hypoglycémie.
-Certains alcools (comme la bière et le vin doux) contiennent des glucides en grande quantité et peuvent ainsi amener à l’hyperglycémie.
-Le mélange entre de l’alcool et des médicaments antidiabétiques oraux (ADO) ou même de l’insuline est fortement déconseillé. En effet, l’alcool peut inhiber les effets de ces traitements.
-L’alcool est également source chez les diabétiques plus que chez le reste de la population de bouffées de chaleurs, de nausées, d’une élévation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle ainsi que d’une augmentation du taux de triglycérides

On note également des différences de tolérances chez les personnes suivant un traitement médicamenteux, ou chez les personnes consommant de la drogue. Ces effets sont développés dans la partie II- C-